Un congé menstruel dans les universités françaises : les règles enfin prises au sérieux ?

T'as vu l'heure ? - A podcast by Radio Nova - Fridays

C'est une maladie qui provoque, pendant plusieurs jours, des saignements, des douleurs musculaires et des crampes diverses, parfois des nausées et des vomissements, mais aussi une fatigue chronique avec des bouleversements hormonaux qui modifient l’humeur, la patience, l’énergie… et il n’y a pas de traitement puisque les 1,8 milliard de personnes dans le monde qui ont leurs règles les auront à priori tous les mois jusqu’à la ménopause. On a bien banalisé un phénomène dont les symptômes sont pourtant très difficiles à vivre… 90% des femmes déclarent avoir des règles douloureuses, selon la dernière étude de l’INSERM. Moi-même, quand j’ai mes règles, je dois quand même me lever à l’aube et aller au travail comme si de rien n’était, parce que cette plaie ouverte qui saigne tous les 28 jours n’est pas considérée comme une affection longue durée méritant un arrêt mensuel du travail. Peut-être que c'est en train de changer, car quelques entreprises et universités commencent peu à peu à mettre en place ce qu'on appelle le congé menstruel. Après l’université d’Angers, pionnière à la rentrée 2023, c'était au tour de celle de Bordeaux-Montaigne, de Clermont-Auvergne ou encore de Créteil de le mettre en place à la dernière rentrée. Chacune a ses modalités. À Angers, par exemple, pas besoin de certificat médical pour bénéficier des dix jours de congés annuels. Alors qu’à Bordeaux, c'est 15 jours par an, mais sur certificat. Le certificat rassure surtout les profs et les lanceurs d’alerte à la fainéantise, qui craignent que l’on puisse oser utiliser ses règles pour sécher les cours. La sociologue Anne de Rugy, qui est aussi vice-présidente de la vie étudiante et de l’engagement à l’université Paris Créteil, rappelle que “les étudiantes n’ont aucun intérêt à manquer des cours pour leur réussite. Ce dispositif est, avant tout, une reconnaissance qu’avoir ses règles peut être invalidant." D’autant plus qu'à l’université de Bordeaux, 69% des étudiants sont des étudiantes (65% à Créteil), et qu'il y avait des risques de décrochage scolaire dû aux règles invalidantes. "Mettre en place le congé menstruel était urgent”. Un an après l'instauration du congé menstruel, à Angers, on a les premiers résultats : 3000 étudiantes sur 17 000 ont pris un congé menstruel, et au maximum, il y a eu 17 personnes absentes sur une même journée pour cette raison. “La peur des enseignants vient surtout de la méconnaissance des pathologies", selon Aude Steinheur, ajoutant qu’il faut responsabiliser les étudiantes, ne pas les infantiliser ni les suspecter et leur faire confiance. D'autres universités prennent le même chemin. À Grenoble, on envisage aussi un congé ménopause, un sujet peut être encore plus tabou ! Et tout aussi invalidant... Image d'illustration : Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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