Les stars : l'arme à double tranchant de Kamala Harris

T'as vu l'heure ? - A podcast by Radio Nova

Comment est-ce possible ? C’est ce qu’on entend encore trois jours après la défaite de Kamala Harris face à Donald Trump, celui qui “attrape les femmes par la chatte” et qui annonçait fièrement un “grand plan de déportation” des immigrants aux États-Unis. Comment donc expliquer la déroute de Harris aux présidentielles, alors même que les stars les plus influentes du moment défilaient régulièrement à ses meetings ces dernières semaines ? Beyoncé, Sabrina Carpenter, Billie Eilish, Jennifer Lopez, Lady Gaga, Katy Perry, Taylor Swift, Stephen Curry, Oprah Winfrey, Eminem, George Clooney... Autant de grandes célébrités acquises à la cause démocrate. Après l’appel au vote de Taylor Swift, environ 35 000 votant‧es s’étaient enregistrés sur les listes. Après celui de Sabrina Carpenter, près de 36 000 de plus... Quel n'a pas été notre surprise à notre lecture de l'interview de l'expert en civilisation américaine Alexis Pichard au Huff Post, qui assure que cette surmobilisation des célébrités a probablement eu un effet inverse à celui escompté par le camp démocrate… Pichard rappelle que les primo votants inscrits (les personnes qui votent pour la première fois), ceux ciblés par Taylor Swift par exemple, n’ont pas voté pour Kamala Harris. La situation est finalement très différente à celle des élections de 2020. À l’époque, 64% des nouveaux votants avaient voté pour Joe Biden, contre 45% seulement pour Kamala Harris en 2024. Selon Pichard, ce phénomène originerait du fait que les stars feraient partie de la "gauche morale". L'expert explique : "Beaucoup [de célébrités] sont des millionnaires, loin des préoccupations des Américains moyens, mais qui vont donner des injonctions sur la manière dont ils doivent se comporter, être antiracistes, antimisogynes, prôner l’intégration. Ce sont des messages perçus comme très hypocrites par une partie des Américains et notamment des trumpistes.” Concrètement, de la même façon qu'Hillary Clinton en 2016, Kamala Harris est accusée de faire partie du “système”, un mot trèèèèès utilisé dans une Amérique de plus en plus populiste et fascisante. Ces stars jugées déconnectées ont pu renvoyer cette image sur la candidate démocrate. À noter tout de même que cette stratégie a surtout donné du grain à moudre aux trumpistes, mais il se pourrait aussi que ça ait pu faire basculer des indécis sensibles aux discours populistes vers Trump. À l’inverse de Harris, le candidat républicain victorieux n'a pas été vraiment soutenu par des personnalités de la culture, ou timidement. Lui, ses cautions stars, c’étaient des mâles alphas qui venaient appuyer sa virilité : Elon Musk et ses grosses voitures ou l'ex-commentateur de l'UFC et podcasteur Joe Rogan, entre autres. Certains parlaient de campagnes “bro versus brat”, et on est navrée de vous annoncer que c'est la masculinité toxique qui l’emporte. Il faut dire les performances d'artistes telles que Beyoncé ont été organisées tard, dans l'urgence, afin de mobiliser la base électorale de Kamala Harris, pour qui le droit des femmes et des minorités sont notamment une priorité. Rappelons que l’impact positif des stars reste bien réel. L'implication politique des artistes ne peut qu'être respecté puisque l'art est par essence politique et citoyen. D'autant plus lorsqu'il rend les créatifs aussi audibles et influents. De notre côté en France, on espère en tout cas ne pas se faire avoir par ce même cirque de masculinité mal placée en 2027. Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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