Des pokémons politiques : la Chine et sa "diplomatie du panda"

Pourquoi ne pas gérer ses conflits en échangeant des animaux vivants comme des cartes Pokémon ? C’est la stratégie de la Chine depuis des années. Elle alimente son soft power (et le jeu diplomatique) en donnant puis reprenant des pandas, des vrais. On vous conseille de vous mettre dans l'ambiance avec Trash Panda, groupe absolument à propos (puisqu'on vous le dit). Si le sujet est d'actualité, c'est parce que deux pandas viennent d’arriver à Washington. Qing Bao, une femelle, et Bao Li, un mâle, tous les deux âgés de trois ans. Ce couple se veut porteur d’un message diplomatique : une conversation entre les deux plus grandes puissances économiques mondiales. Le périple des deux pandas s'est déroulé sous le contrôle vétérinaire constant d'une équipe de soigneurs venue de Washington. Le duo passera un mois de quarantaine dans leur nouveau zoo pour éviter de transmettre des parasites et connaître leurs nouveaux gardiens. Washington n'avait pas reçu de pandas de Chine depuis 24 ans. Pire, le gouvernement chinois avait repris les seuls spécimens qui lui restaient en 2023. Pile avant la tenue d'un sommet entre Xi Jinping et Joe Biden. Un événement qui avait inquiété la communauté internationale puisque quand Pékin rapatrie ses pandas, c'est qu'il n'est pas content du tout. Ce chantage affectif au panda existe depuis 1941, lorsque la Chine avait remercié les États-Unis de leur soutien face à l’invasion du Japon. En 1957, c'est au tour de l'URSS de recevoir un panda des Chinois. L'inévitable embrouille avec les États-Unis se règle par l'envoi de deux autres pandas à Washington en 1972. On évoque carrément une “diplomatie du panda”. Aujourd’hui, 18 pays dans le monde seraient dans les petits papiers de Pékin. Moscou a reçu deux ursidés noirs et blancs en 2019, qui devraient y séjourner pendant dix ans. En France, on en garde à priori jusqu’à 2027. À noter cependant que les pandas ne sont pas donnés : c’est un prêt, presque une location pour 10 ans, puisque le zoo de Washington versera un million de dollars par an à l’association chinoise pour la protection de la vie sauvage. En 2034, ces deux pandas et leurs éventuels petits retourneront en Chine. De véritables pokémons politiques. Image d'illustration : Le FedEx Boeing 777 transportant Bao Li et Qing Bao, arrivant à l'aéroport de Dulles, le 15 octobre 2024, Kent Nishimura / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.