Au Seg Plaza, à Shenzhen, même les livreurs ont des livreuses

T'as vu l'heure ? - A podcast by Radio Nova - Fridays

Près de 18 millions. C'est le nombre d’habitants de Shenzhen en Chine, une des villes les plus riches du pays, souvent surnommée la Silicon Valley of China. À Shenzhen, il y a tout plein de gratte-ciel, mais il y en a un plus emblématique que les autres : le Seg Plaza. Cette immense tour de près de 356 mètres abrite des milliers de logements, des bureaux et le plus grand centre commercial d’équipement électronique au monde. Inutile de vous dire qu’en journée l’endroit grouille de monde et que chaque midi de chaque semaine, les livreurs de repas y sont extrêmement nombreux. Ces derniers perdent évidemment un temps fou dans les 72 étages du Seg Plaza, pour trouver les bureaux dans lesquels ils doivent distribuer les commandes. Comment faire le bon choix entre 16 ascenseurs ? Pour ne rien arranger, les livreurs ont interdiction de stationner au pied du Seg Plaza. C’est ainsi qu’est né un nouveau "métier", celui de livreuses d’immeuble. "Livreuses", car il n’y a que des femmes qui le pratiquent… Le principe est simple. Chaque midi, ces femmes se font les relais des livreurs de repas pour distribuer les commandes dans les étages. C’est un article de la plateforme chinoise Weixin, relayé par le Courrier international, qui nous raconte cette nouvelle économie de la précarité. Des femmes, d’une cinquantaine d'années ou plus, rarement moins, bataillent au pied du Seg Plaza à l’heure du déjeuner, à l'affût des livreurs de repas pour quelques yuans. Tout va très vite : elles anticipent d’abord les endroits où les scooters ou vélos vont stationner avant de se précipiter sur eux pour récupérer les commandes. Ces femmes disposent d’un QR code autour du cou pour être payées. Un travail ingrat, pour un salaire de misère, puisque chaque commande basique leur permet de gagner 2 yuans, soit 26 centimes d’euros. Ça peut monter à 3, 4 ou 5 yuans si le paquet est plus lourd, soit 39 à 65 centimes d’euros. Le pire est que ces femmes se livrent bataille pour être choisis. Elles se tiennent à distance avant l'arrivée des livreurs, mais se précipitent sur eux dès leur arrivée. Rien n’est pourtant gagné tant qu’elles n’ont pas scanné leur QR code, car elles peuvent se faire voler leurs commandes… Le Seg Plaza est un bon filon pour les livreuses d’immeuble, mais au total ce sont une vingtaine de buildings qui sont concernés… Image d'illustration : Photo du Neg Plaza, Noel Celis / AFP Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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