170 km de miroirs dans le désert saoudien : The Line, le projet délirant de Mohammed Ben Salmane

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Imaginez un miroir planté dans le désert dont la technologie permettrait de ne pas refléter le soleil, de faire qu'on ne le verrait tout simplement pas. C’est exactement la même chose pour The Line, mais à une tout autre échelle. The Line est une folie architecturale, la pièce maitresse de Neom, un projet pharaonique de mégalopole futuriste lancé en 2017 et porté par le prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salmane. The Line, ce sera à terme deux immenses parois de 500 mètres de haut, soit deux murs en miroir long de 170 kilomètres dans le désert. Deux murs séparés d’environ 200 mètres, au milieu desquels logeront, dans une cité digne des meilleurs films de science-fiction, sur environ 27 000 kilomètres carrés, plus d'un million d'habitants en 2030, et neuf millions en 2045. Le tout dans une ambiance très 5ᵉ Élément, avec taxis volants et robots domestiques… Mais ça, c’est dans les rêves les plus fous de Mohammed Ben Salmane, car la réalité est pour le moment tout autre… Certes, l’Arabie Saoudite vient d’inaugurer ce dimanche une station balnéaire de luxe, une île flottante, première pierre du projet Neom. Mais concernant The Line, la pièce maîtresse du projet, on est encore très très loin du compte. Les promoteurs eux-mêmes, très excités au départ, se montrent aujourd’hui beaucoup plus prudents en évoquant tout juste 2 kilomètres et demi de parois construites d'ici à la fin de la décennie, sur les 170 prévus. Il faut dire que l’imagination du prince héritier est peut-être un poil débordante. Mohammed Ben Salmane ambitionne de faire de Neom une Silicon Valley locale, une des premières villes modernes sans voiture, sans routes, alimentée par des énergies renouvelables. Mais le gigantisme du projet, fantasme de l’ère industrielle, fait douter, d’autant que les défenseurs de l’environnement sont montés très vite au créneau pour dénoncer, au moment des premiers travaux d’excavation, l’évacuation par la force des tribus locales, soit plusieurs milliers de personnes. Il y a aussi plusieurs mises en garde aussi sur les dangers que représentent les parois pour les oiseaux, car The Line se trouve pile sur une des grandes routes migratoires. Enfin, les écolos s'inquiètent pour l’alimentation en eau du site, car l'Arabie Saoudite prévoit de désaliniser l’eau de la mer, mais aussi de recourir à des techniques d'ensemencement des nuages. Ce qui n’a rien de surprenant lorsque l’on se souvient que Mohammed Ben Salmane a refusé de signer l’accord de Paris sur le climat… Bref, Neom et The Line en particulier, imaginer pour ne plus dépendre que du pétrole à l’avenir, n’est pas près d’exister, du moins pas dans sa configuration initiale. Ce qui n’est pas pour rassurer la Chine qui a offert aux autorités de Neom d’accueillir les Jeux Asiatiques d’Hiver en 2029… Oui, en plein désert… Image d'illustration : Maquette en image du projet The Line, NEOM / AFP Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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